CONSCIOUS FASHION

Il suffit de se balader sur des sites de marques ou de parcourir les collections de matières pour identifier un argument marketing de plus en plus mise en avant : la biodégradabilité.

DES PRODUITS TEXTILES BIODEGRADABLES, SOUS QUELLES CONDITIONS ?

Pour apaiser les inquiétudes sur la montagne de déchets engendrés par le secteur textile et de l’habillement, la mode se donne bonne conscience en mettant en avant cette promesse.

 

Si l’enjeu est de mettre l’accent sur des matières toujours plus solides et durables au fil du temps, comment alors les imaginer avec un pouvoir de disparition rapide dans l’environnement ?

 

De toute évidence, les matières biodégradables ne vont pas se désagréger en quelques mois dans une simple armoire. Cette qualité s’entend dans des conditions spécifiques, et est variable selon les matières. Toute matière finira bien par se biodégrader un jour, mais entre 6 mois pour certaines et 200 ans pour d’autres, le spectre est large.

Textiles naturels…une évidente biodégradabilité ?

Les matières premières naturelles végétales comme le coton, le lin, le chanvre et la soie, ou animales comme la laine et les peaux sont connues pour avoir intrinsèquement une biodégradabilité rapide. Mais lorsqu’il s’agit d’un textile ou cuir fini, la conclusion peut être tout autre. C’est le premier point de vigilance à avoir en tête lors de votre approvisionnement.

 

Les traitements, enductions, membranes et décors rapportés peuvent être un frein à la biodégradabilité. De même, certaines teintures peuvent présenter des composants nocifs et dissimuler des traces écotoxiques dans l’environnement une fois la matière désagrégée. La biodégradabilité doit être garantie sur une matière finie, et non uniquement être mise en valeur pour les qualités de la fibre brute.

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Synthétiques biodégradables… une solution miracle ?

Le challenge est majeur quand on sait qu’une matière synthétique peut mettre des centaines d’années à disparaître.

 

Les tests et solutions développées depuis les années 80 restaient peu convaincantes. Les matières devenaient fragmentables mais persistaient ensuite longtemps à l’état de particules dans l’environnement. Depuis, les technologies ont évolué et il est désormais possible de développer des matières synthétiques intégralement biodégradables.

Biodégradables et bio-sourcés… des faux amis?

Parmi les innovations retrouvées ces dernières années, les synthétiques biosourcés et polymérisés à partir de biomasse (maïs, canne à sucre, ricin…) ont le vent en poupe.

 

Attention aux amalgames !

 

Un synthétique issu de biopolymères, donc de ressources naturelles renouvelables, n’est pas automatiquement biodégradable. Ses composantes et ses capacités de décomposition sont deux sujets distincts.

 

Les synthétiques biosourcés peuvent avoir les mêmes structures (PET, PA…) que leurs équivalents issus d’origine fossile. Ils permettent certes de s’affranchir des ressources fossiles, mais leur biodégradabilité doit être vérifiée.

Trois facteurs d’attention participent à la biodégradabilité d’un matériau :

 

  • Le milieu – Différents paramètres entrent en compte : l’environnement (sol, eau de mer, eau douce), le taux d’oxygène, le pH, la température, l’humidité et les micro-organismes activant le procédé.
  • La structure et les propriétés du matériau – La matière première, sa construction, et les traitements de transformations apposés.
  • Le degré de décomposition et le temps nécessaire pour obtenir cette désintégration – Afin de pouvoir être qualifié de biodégradable, les normes imposent que le produit soit désintégré au minimum à 90 % en 6 mois.
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Les bons reflexes :

#1

Penser à l’ensemble

Développer des produits intégralement conçus avec des composants biodégradables.

 

Dans toute démarche de circularité des ressources, le prérequis est de concevoir le vêtement ou l’accessoire en projetant sa fin de vie dès sa création.

 

Un textile ou cuir biodégradable présente des qualités évidentes. Cependant, pour faciliter le traitement de l’article entier, ses composants boutons, zips, décors et étiquettes devront l’être aussi.

 

Le problème du démantèlement des produits pour en extraire la matière à revaloriser a déjà été rencontré dans la filière de recyclage. Autant prendre le problème à la racine, dans la globalité, et ne pas rencontrer les mêmes problématiques lors du développement de vêtements et d’accessoires biodégradables.

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#2

Faire tester et approuver

 

Un matériau est considéré comme biodégradable lorsqu’il peut se décomposer, sous l’action d’organismes vivants, et sans effet nuisible pour l’environnement.

 

Le procédé se déroule en 3 étapes :

  • La fragmentation : où la matière va se transformer en particules jusqu’à désintégration.
  • La dégradation : stade ultime de la fragmentation, où la masse moléculaire est réduite.
  • L’assimilation et la minéralisation : étapes d’intégration par les micro-organismes des résidus de dégradation, pour les transformer en biomasse, eau et carbone.
  •  

Les tests de certifications spécifiques comme OK Biodegradable Marine/Soil/Water, vont venir analyser ces étapes, vérifier le temps et le seuil de biodégradabilité du produit, sa non-toxicité et son absence de métaux lourds.

#3

Du bons sens

 

Une fois de plus, le bon sens nous rappellera que toute bonne solution s’entend si elle n’entraîne pas d’effet rebond. Surproduire des matières, même biodégradables, c’est aussi s’exposer à leur surabondance à traiter par la suite.

 

La majorité des synthétiques biodégradables, à date, le sont dans des atmosphères de transformation accélérées et nécessitent également la mise en place de filières de récolte et de traitement de ces produits.

 

En France, pour ne pas générer la confusion et laisser entendre qu’un achat biodégradable peut être abandonné n’importe où dans la nature, cette mention est interdite sur les produits finis depuis janvier 2022.

 

Si ces technologies prometteuses restent un atout majeur et apportent une solution de facilitation de traitement des déchets, elles ne réduisent pas pour autant de manière miraculeuse le volume de pollution engendrée par la mode. La biodégradabilité est un atout pour s’assurer d’une non-toxicité et d’un impact réduit d’un produit mais ne saurait être une fin en soi.

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Quelles sont les caractéristiques d’un matériau biodégradable?

Un matériau est considéré comme biodégradable lorsqu’il peut se décomposer, sous l’action d’organismes vivants, et sans effet nuisible pour l’environnement.

Cette notion est encadrée par des critères standardisés spécifiques, où le temps et seuil de biodégradabilité du produit, sa non-toxicité, et son absence de métaux lourds sont vérifiés.

Les fibres naturelles végétales ou animales sont biodégradables, cependant une matière doit être testée à l’issue de son développement, après tous ses traitements, pour être qualifiée ainsi. Au cours des étapes de transformation, certaines substances entrant dans le développement peuvent altérer ces caractéristiques. Une fibre biodégradable ne donne pas automatiquement un matériau biodégradable sans incidence sur l’environnement. Les matières synthétiques, connues pour mettre des centaines d’années à disparaître, peuvent être optimisées en conception pour permettre une amélioration de leur biodégradabilité. De plus en plus de synthétiques portent la mention « biosourcé », « biopolymère » ou « bioplastique ».

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Point d’attention, des matériaux biosourcés ne sont pas automatiquement biodégradables. Avoir un polymère synthétisé à partir d’une ressource naturelle n’est pas caution automatique d’une désintégration aisée du matériau obtenu. Ces innovations doivent être testées et certifiées lorsqu’elles avancent ces promesses.

 

Une peau est naturellement biodégradable, mais un cuir, peau rendue imputrescible par différents traitements, ne l’est pas forcément. Il est nécessaire de vérifier ses caractéristiques en fin de vie, qui attesteront de l’innocuité de sa décomposition.

Deux marques engagées dans la biodégrabilité de leurs produits

#1 FREITAG

Une initiative de vêtements compostables, découvrez F-ABRIC de la compagnie suisse Freitag, un textile au bilan carbone réduit grâce à des matières premières produites en Europe, qui utilise le minimum de produits chimiques et qui se décompose en moins de trois mois.

@Freitag

#PANGAIA

Travaillant à la fois sur les marchés de la consommation directe et du B2B, l’entreprise Pangaia est principalement axée sur les technologies et l’innovation, et conçoit des produits fabriqués à partir de matériaux bio-sourcés et organiques, qui peuvent également être biodégradables.

 

« L’objectif est de mettre sur le marché ces technologies à faible impact et de prouver que nous pouvons réaliser cette transition. »

Christine Goulay, Directrice internationale de Pangaia.

@Pangaia

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Consciously votre

Claire

Sources

 

  • Revue des normes sur la biodégradabilité des plastiques, Ademe, 2020
  • Pollution plastique – une bombe à retardement, Rapport au nom de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, Philippe Bollo et Angèle Préville, 2020
  • Fiche technique, les polymères biodégradables – Pôle Écoconception
  • Article 13 loi AGEC
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